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Il était une fois… de Tarantino à Nécro.

Préambule : Qu’il soit décrié, glorifié, traité d’imposteur ou déifié, Quentin Jérôme Tarantino n’a jamais cherché autre chose qu’à transformer l’amour qu’il a du cinéma en un hommage perpétuel et référentiel aux genres. Il n’a rien inventé, mais en 9 films 1/2 (mon côté Kill Bill sensuel) il a transcendé son héritage en fantasmes visuels.


Le cinéma n’a rien d’autre que lui-même pour exister, sauf quand certaines personnes tentent de le sacraliser.

Quentin Tarantino n’a pas une quantité astronomique de longs métrages à son actif, à peine 9 à ce jour (Kill Bill comptant pour un film puisque son projet initial était un unique et seul film)… en trente ans ça paraît peu, mais comme chaque film est décortiqué et prend son temps pour se bonifier, c’est suffisant.

Depuis son enfance et surtout plusieurs années à travailler et, quasiment, vivre dans un magasin de location de vidéos pendant 5 ans, il a vu, emmagasiné et finalement écrit des scénarios. Des collaborations fructueuses (Roger Avary, Robert Rodriguez) et quelquefois des scenarios volés et modifiés (Oliver Stone), ne l’auront pas empêché de faire l’acteur, le producteur, et quelquefois le réalisateur de segments d’autres films et/ou séries.

Un style reconnaissable, basé sur des arcs narratifs multiples à un moment commun, de la violence shakespearisée, un scénario (quelquefois) à rebours dans le déroulé, des programmations musicales de ouf, et des acteurs illuminés par leurs rôles.

Monsieur Tarantino est un fourre-tout du cinéma. Un esthète de l’allitération cinéphile, un perpétuel garant du 7ème art, un fidèle converti à la mémoire du cinéma de genre, d’exploitation et quelquefois B ou Z.


Ce ne sont pas mes bêtes et courtes années d’école de cinéma et d’audio-visuel qui m’ont donné l’envie de vous dire du bien du personnage de Quentin, car de sa vie je ne connaîs rien. Cependant, alors que je finissais de foirer ma scolarité d’assisté, j’ai vécu la naissance de RESERVOIR DOGS à sa sortie (mais en vidéo). Ce fut pour moi une claque cinématographique. Si bien que je me suis évertué par la suite à suivre la filmographie de chacun des acteurs, tant ils m’avaient éblouis. C’est notamment comme ça que je suis devenu un fan inconsidéré de Harvey Keitel, et un peu de Michael Madsen. Cette conversation surréaliste au bar à propos de Like A Virgin de Madonna, et la scène de torture dans le hangar désaffecté ont fait voler mon approche du cinéma à 20 ans, et cette condescendance au sang sans vergogne, ivresse d’un ébat jamais résolu. Et dès son premier film, la musique idéale utilisée sur des scènes faites pour elle (ou l’inverse), comme un rêve de cinéaste.

Quelque temps après j’ai vu True Romance, de Tony Scott, qui était basé sur le même mode opératoire, et tout aussi péremptoire mais en version plus soft. Nous savons tout de même de qui était le scénario.


PULP FICTION à fait l’effet que vous connaissez tous, tant sur la toile que jusqu’à Cannes et ensuite dans les chaumières. Résultat, à seulement son deuxième film, la consécration ultime et une statuette. Sans doute des tas d’autres films de l’époque le méritaient aussi, mais celui de Tarantino ne démérite pas ce prix. Là encore, sa fibre composite cinéphile est posée. C’est un peu l’apogée de son style, burlesque par l’aspect, complexe par sa narration, stylé par son grain, désireux de faire des références mémorielles aux genres, exalté dans ses dérives personnifiées, tragiquement désinhibé, dans une violence situationnelle autant que dans une lenteur de circonstance, et puis toujours et bientôt un persistant devoir de faire renaître des acteurs sur la brèche (John Travolta). On pourrait crier au chef d’œuvre, je n’y vois en fait que l’agencement de ce qui se fait de mieux en terme d’hommage au cinéma, et c’est là toute la qualité qui ne quittera jamais son réalisateur.


Je n’ai vu quasiment aucun film de Tarantino au cinéma (à part récemment Once Upon a time… in Hollywood et Django Unchained), et malgré tout je considère presque ça comme un hommage à sa courte carrière vidéophage. Je crois qu’il avait compris l’importance du poids (à l’époque) de la vidéo exploitation, et particulièrement de la blaxploitation. De là est né JACKIE BROWN.

On retiendra de ce film l’animosité féline de Pam Grier (qu’il a fait renaître de ses cendres), un Robert Foster monumental et un Robert de Niro trippé comme jamais. Un scénario de polar funky (sur une base similaire de sketchs à la Pulp Fiction), mêlant une fois de plus des individualités antagonistes et des situations burlesques. Et une BO à faire chanter sa belle-mère en footing.


Je ne suis pas passé à côté du KILLING ZOE de Roger Avary, qui est un Tarantino à la française produit par le maître himself, et qui reste une curiosité dans la filmographie de Jean-Luc Anglade et Julie Delpy.

En 1996 (soit 1 an avant Jackie Brown), Quentin (pardon pour la familiarité, c’est pour diversifier) bouleverse une partie de mon affiliation et me fait lorgner du côté de Robert Rodriguez (pour le restant de mes jours) aux côtés de Georges Clooney et Harvey Keitel dans UNE NUIT EN ENFER. Cette fois pour ses talents d’acteur, autour de cette farce de série Z (comme zombie) et du grand guignolesque sanglant, pour laquelle je suis presque à genoux (surtout devant Salma Hayek). Je l’avais cependant découvert auparavant par hasard avec El Mariachi, avant la version Desperado. Et j’avais noté l’accointance certaine qu’il pouvait s’offrir avec le sieur T.


KILL BILL. Je n’en ferais pas une épopée de diatribe à l’étale, car j’ai moyennement adhéré à ce film en deux parties. Je ne sais pas trop pourquoi, j’ai zoné pour arriver à les voir, et au final j’ai trouvé l’ensemble marqué stylistiquement par des empreintes évidentes du cinéma d’action Kung Fu et des espaces façon western spaghetti, mais je crois au final très brouillon selon mes souvenirs.

Cependant, ce film recèle de formidables hommages aux genres concernés, avec des scènes entières, façonnées pour l’histoire de la mémoire (comme la briève remise en scène pour David Caradine). Et quelque part, si on doit rendre hommage au cinéma de Tarantino, c’est surtout et essentiellement sur sa volonté de lui-même rendre hommage au souvenir indélébile qu’il en garde, et que nous devrions garder.


Malgré ma volonté de rester chronologique, j’ai vu INGLORIOUS BASTERDS avant Boulevard de la mort, mais ça ne s’est pas bien passé. Je l’ai vu en VO non sous-titré. De fait j’ai laissé tomber l’histoire et j’ai passé 2 ans sans regarder de Tarantino. Mais je me suis rattrapé plus tard et je ne le regrette pas.

Là encore, outre la reconstitution des années 40, ses concepts scénaristiques sont présents. Flashback, violence sans péché, et imagerie nazi à la sauce Tarantino, ça manquait au cinoche tout de même !

Mais dans ma mémoire, au final ça ne reste pas un de mes films phares du bonhomme. Je note en revanche, qu’à partir de ce métrage, la violence devient plus thématique que gratuite, et sans disparaître (bien au contraire) deviendra plus ciblée de film en film.


BOULEVARD DE LA MORT (death proof), sera ma seconde claque du réalisateur après Reservoir Dogs. Il est fort possible qu’il soit mon film préféré de Tarantino.

Cet attachement au grain des caméras 35 ou 70 mm, cette façon de filmer les conversations (avec une ouverture version Reservoir Dogs au féminin), cette promenade mécanique vue de l’intérieur des véhicules, ce besoin de ralentir le cinéma au niveau du temps réel, et bien sûr, cet hommage aux films de poursuite des années 70 et ses couleurs chaudes. Et puis Kurt Russell « Stuntman Mike » (à prononcer à l’américaine, ça tape je trouve), gueule éternelle du anti-héros parfait, un must.


Je ne me souviens plus très bien de l’ordre dans lequel je n’ai pas respecté la chronologie de sortie de ses films, mais je crois bien avoir vu DJANGO UNCHAINED en salle.

Depuis le temps que la logique de son cinéma tournait autour, empruntant à foison les codes du western spaghetti, on attendait quelque chose d’original de A Band Apart ( sa société de production). Chose faite avec le thème centrale de la ségrégation, empruntant un personnage existant déjà dans l’univers du western spaghetti et de la blaxploitation. Et puis le personnage campé par Samuel L.Jackson, le majordome noir à la cause des ségrégationnistes est formidablement interprété, son acteur le plus utilisé, comme acteur et comme voix off, 6 participations en tout (sans compter True Romance).

De fait, plutôt que d’avoir un western traditionnel, on tourne autour d’un thème pour utiliser ses codes et son univers. Il faudra attendre le suivant (les 8 salopards), pour en avoir un vrai.


Je pense avoir visionné LES HUITS SALOPARDS (The Hateful Eight) au moins 2 ans après sa sortie, pourquoi ? Je ne sais pas, j’ai raté le coche, je n’ai pas pu y aller. Et puis, pour être honnête, je ne cherche pas absolument à voir, j’attends que l’occasion se présente, je laisse le destin mettre le truc sur ma route. En somme, des fois ça va vite, des fois ça prend des lustres.

En le visionnant je me suis dit qu’il arrivait à son but ultime, tous ses films précédents avaient l’humeur, le ton et l’ambiance de son Graal personnel. Et puis arriver à mobiliser Ennio Morricone pour la musique d’un western en 2015, c’était une parfaite symbiose avec l’amour qu’il tentait de ressusciter dans le cinéma moderne, des entrailles de ce que l’histoire du 7ème art a construit.

Après toutes ces années à tourner autour du pot, que pouvait-il nous offrir de mieux ?

Justement…


ONCE UPON A TIME… IN HOLLYWOOD.

Finalement, quoi de plus logique que faire un film sur le milieu du cinéma pour parachever tous les autres. Et tant qu’à faire, suivre un acteur dans le Hollywood de Polansky et Manson en 69, qui tourne des westerns… la boucle est bouclée.

Depuis Inglorious Basterds, Tarantino a basculé dans un autre cinéma, celui de la violence thématique et non gratuite (je l’ai dit plus haut, même si celui-là comporte une scène puissance 10 dans le genre), mais aussi dans un cinéma de reconstitution, car il film des époques. Et son Hollywood de l’année 69 est assez bluffant de réalisme.

Même quand un vieux film de guerre passe dans ces vieilles boites cathodiques en plastique, qu’il a lui-même tourné pour l’y faire passer, il y a la lumière de l’époque sur les cheveux, le hâle patiné sur le front de DiCaprio, et le grain sensible du noir et blanc.

L’histoire de la secte hippie de Manson plane régulièrement, mais le scénario alterne entre fiction et réalité, je laisserai donc à chacun de découvrir par lui-même les tenants et les aboutissants.


J’ai l’air de parler de son dernier film comme, justement, du dernier. Évidemment, selon ses propres dires il en fera au moins 10 (et plus s’il revient sur sa décision) sans compter son projet de série (encore) western. Mais je trouve que son Once Upon a Time signe élégamment une boucle dans son propre parcours.

Quentin Tarantino n’est pas le meilleur réalisateur du monde, mais il a su rendre au cinéma ce qui lui appartient, le plaisir et l’amour de l’émotion (et peut-être le fétichisme des pieds féminins), et moi, il m’a radicalement ouvert les yeux, c’est comme ça.


PS : Comme vous avez pu le lire je n’ai pas fait de référence à Tueur Né de Oliver Stone, car si le script utilisé est à la base un scénario de Tarantino il a été totalement modifié et réécrit, pour au final s’éloigner de l’esprit originel. Il est donc régulièrement cité dans son parcours mais n’en a pas l’essence.


RePS : Et sinon j’oublie sûrement des tas de trucs mais je ne suis pas journaliste, c’est un article de cœur pour le fun.


©Necromongers



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